Les fermes de la vie

 

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La construction des fermes . Chapitre 3

 

DI : Bonjour Vanessa, Alors tu as peaufiné tes questions ?

 

VA : bien sûr, mais ça c’est pas le problème, il faut que tu continues à nous décrire la création des fermes. Et que tu ne nous casses pas les pieds avec l’effondrement.

 

DI : C’est pas moi qui casse les pieds. C’est l’effondrement, et il ne fait que commencer. Plus exactement, nous le voyons arriver. Je pense souvent à ceux qui, en 1931, 1932, 1933, voyaient arriver la guerre et qui souvent ont été pris pour des fous. J’ai l’impression de vivre la même chose, de ressentir les même sentiments. Tous les signaux sont au rouge, la vitesse d’évolution de la société, l’industrie qui lance des programmes tous plus faramineux les uns que les autres, les pauvres de plus en plus pauvres et les riches de plus en plus riches. Nietzsche à dit qu’il y avait deux choses qui gouvernent le monde : le sexe et le goût du pouvoir. Le sexe est devenu secondaire, le goût du pouvoir est exacerbé. Les spécialistes, que certains imaginent pouvoir sauver la civilisation, sont tout aussi impuissants que tous les économistes qui se sont succédé dans leurs articles, à la télévision et dans les congrès et qui faisant de brillants exposés mais sans jamais tenir compte de la finitude de tous les éléments de la terre. Et qui, c’est un comble, continue toujours à prolonger leurs prévisions jusqu’en 2050, jusqu’en 2100. Pourquoi pas jusqu’en 2200.

Le déni de la réalité est certainement l’un des éléments les plus graves des évolutions actuelles.

Et ce déni n’est pas le fait des gens modestes ou un peu aisés, mais le fait des élites de la société.

 

VA :Tu ne commences pas bien. On doit parler de la création de la ferme.

 

DI : excuse-moi. On y va. Sur le terrain, les choses sont parties. Chaque jour, ça avance un peu. Mais il faut renforcer le groupe humain, trouver de nouveaux adhérents, les motiver, leur expliquer, car il y a une quantité énorme de travail à faire.

Essaie de réfléchir, il nous faut créer une civilisation. Bien sûr, au niveau de chaque individu, les choses paraissent simples. Il faut manger et boire, se soigner de temps en temps, avoir des écoles, avoir des habits et des chaussures, et plein d’autres choses pas si importantes.

Mais quand on y regarde de près, la simple proposition de chaussures est un casse-tête incroyable. Si tu remontes la chaînes des besoins qui aboutissent à la paire de chaussures, tu t’aperçois que tu as des dizaines de métiers qui doivent tous parfaitement fonctionner.

C’est cela que nous devons mettre en place, au moins en partie dans les fermes.

C’est aussi pour cela que je ne crois pas à l’autonomie individuelle ou même en petits groupes.

Soit nous revenons à l’homme de Neandertal, soit nous essayons de donner un avenir à nos enfants.

Et ce n’est pas du tout la même chose. Nous avons accumulé d’immenses connaissances dans la précédente civilisation. Perdre ces connaissances est un crime aussi grave que de ne pas tenir compte de la fin des éléments physiques que nous avons volé à la terre. Nos enfants pourrons construire leur vie, en piochant dans ces connaissances et en les exploitants en tenant compte des nécessaires contraintes d’un espace réduit et d’une nature fragile, parce qu’ils seront moins bêtes que nous l’avons été et qu’ils maîtriseront mieux leurs pulsions mortifères. Enfin, j’espère.

OK, je parle de la ferme.

Il y a encore beaucoup de choses à faire. Le programme pour la première année de travail est le suivant :

  • Construire les buttes.

  • Construire le système de stockage de l’eau

  • Construire le système de filtration de l’eau

  • Acheter et stocker de la paille, beaucoup de bottes de paille parallélépipédiques.

  • Déposer des permis de construire concernant les ateliers (cuisines, ateliers divers. (cela sera certainement difficile à aboutir)

  • Travailler à améliorer la circulation dans la ferme

  • Acheter un ou des chevaux (si possible dans un premier temps des chevaux de traits puis, si possible quelques chevaux de selle).

  • Et différentes autres choses moins importantes en volume mais tout aussi nécessaires.

 

Les buttes, c’est vraiment le gros morceau. Alors, pourquoi faire des buttes et ne pas simplement faire un jardin ordinaire. Il y a beaucoup de raisons et il me semble important de bien les comprendre.

L’homme utilise la terre comme un support mécanique plutôt que comme un système nourricier. Tant que l’on peut compenser le manque de nourriture pour les plantes par des apports étrangers à la terre et qui permettent d’avoir des plants sains et productifs, cela ne pose pas beaucoup de problème. Pendant les milliers d’années qui nous précède, c’est cette stratégie qui a prévalue.

Nos ancêtres utilisaient le fumier de leurs animaux pour enrichir la terre. Puis on a utilisé le guano, c’est-à-dire les excréments des oiseaux, qui voyageait beaucoup avec des voiliers il est vrai.

À notre époque, ce sont des produits chimiques ou des extraits de mines lointaines, qui comme tous les matériaux en quantité fini, diminuent inexorablement dans les mines.

Nous pouvons observer l’incroyable amélioration de la productivité des terres ainsi traitées.

En 100 ans, on est passé de moins de 20 quintaux à l’hectare de blé à pas loin de 100 quintaux à l’hectare actuellement.

Est-ce que cela est possible sans conséquences. Certainement non.

Les conséquences sont sans bruit, et les techniques de manipulations des humains permettent de masquer cela.

Ainsi, il y a de plus en plus de gens allergiques au gluten dont la structure à largement été modifiée dans les grains de blé et donc dans les farines.

Et les grandes surfaces alimentaires ont des rayons « sans gluten »  qui pètent le feu.

Pour faire un résumé simple, mon père qui était cultivateur il y a 70 ans, louait la terre. C’était ses bœufs et le cheval qui labouraient, et souvent ma mère qui tenait la charrue, les engrais qui provenaient de son écurie, les semences qui ont été réservées de la récolte de l’année précédente et il vendait une petite partie de sa récolte à deux boulangers de la région. La transformation en farine était sous-traitée au meunier. Ma mère avait largement un an de nourriture en réserve.

Maintenant, un cultivateur loue sa terre, utilise un tracteur et des machines qui appartiennent à la banque, achète ses engrais et beaucoup de traitements, achète ses semences, et livre son blé alors qu’il a été payé il y a des mois.

Je ne sais pas en quoi la deuxième solution est meilleur que la première.

 

Est-il possible de faire autrement ?

Des cultivateurs font autrement depuis longtemps. Il est vrai que la plupart ne sont pas en France, même si, en France justement, quelques-uns évoluent.

Certains cultivateurs me disent que l’utilisation du glyphosate permet de moins polluer car cela évite de passer avec des machines pour arracher les herbes.

Cela me semble être un raisonnement à très court terme. Et le court terme n’est pas compatible avec la nature et la vie des humains.

Je n’attaque pas ici les cultivateurs actuels, beaucoup de gens polluent plus qu’eux et sont moins visibles.

C’est un système qui les rend esclave. Et même si certain se battent pour le défendre, ce système, c’est qu’ils ne pourront, eux, jamais le changer.

 

Faut-il comprendre cela pour faire des buttes dans une ferme de un hectare.

Oui absolument, comprendre les erreurs pour ne pas en commettre est fondamental car c'est de la vie des adhérents de la ferme dont nous parlons.

 

En fait, c’est un modèle à l’opposé de ceux décrit ici qui a guidé ma réflexion.

La forêt produit chaque année une masse de végétaux sans commune mesure avec ce que produisent les hommes, quels que soient leurs techniques sur les terres agricoles ou maraîchères.

Et cela, sans travail du sol, d’aucune sorte, sans pesticide, fongicide, herbicide, et autres ide, sans engrais, et depuis parfois des milliers d’années.

 

Quel est son secret ?

Oh, je n’ai pas inventé la solution, elle tout entière contenue dans les descriptions de l’agroforesterie et de la permaculture.

Alors en quoi les solutions proposées par la nature nous sont-elles utiles.

Il nous faut produire beaucoup, comme le fait la forêt, avec un minimum de travail, comme la forêt, avec le minimum d’intrant, comme la forêt, avec un minimum d’arrosage, pas plus que la forêt.

Pour cela, il nous faut reproduire le substrat qu’a créé la forêt aux fils des dizaines d’années de son existence, et il nous faut conserver une couche isolante au-dessus de la terre, comme la forêt.

À ces conditions-là, nous allons permettre à nos laboureurs automatisés de revenir, les vers de terre et aux micro-organismes de prospérer et de fabriquer tout ce qu’il faut pour que les plantes prospèrent.

Les plantes en meilleure forme, peuvent croître en rangs plus serrés et sont beaucoup plus résistantes aux maladies et aux prédateurs.

Quels sont les avantages de tout cela pour la ferme et les fermiers.

Il n’est pas nécessaire de créer une force de travail importante pour réaliser la production des légumes.

En effet une dizaine de dames qui ont la main verte seront largement suffisantes pour faire tous les cycles de semailles et plantations, surveillance et entretien, récolte.

Chacun comprend bien qu’il faut autant que possible minimiser le travail dans la ferme. Nous n’avons plus à bécher, sarcler, désherbé. Une griffe et un plantoir sont les seuls outils réguliers utilisés sur les buttes.

Ce n’est plus la force brute mais le ressentit qui constitue la force essentielle.

Une chose très importante est la gestion de l’eau.

Sur les buttes, l’arrosage n’est que rarement nécessaire.

Et en fonction des régions, c’est un élément crucial. Il faut aussi se rappeler que dans beaucoup de région, l’évolution du climat va nous conduire à une sécheresse de plus en plus prégnante.

C’est le cas du nord de la France, et des régions limitrophes au nord, Belgique, Luxembourg et le sud de l’Allemagne. Ces régions seront en stress hydrique à partir de 2025.

Les buttes ont un gros défaut, elles nécessitent un gros travail de préparation.

Il faut bécher et poser la terre sur le côté sur toute la surface de la butte.

En fait, il faut dégager une couche d’environ trente centimètres de terre.

Combler le trou ainsi créer par des morceaux de bois et des branchages d’un diamètre assez important. Y ajouter des morceaux de bois récupérer à moitié enfouis dans le sol de la forêt pour ensemencer de micro-organismes cette couche de bois, couvrir tout cela avec des branchages et des feuillages et bien tasser pour qu’il n’y ai qu’un minimum de poches d’air.

Remettre la terre sur cette couche et couvrir le tout d’une couche isolante en matériaux putrescibles tels que du foin, des herbes coupées comme les orties, la consoude, de la pelouse, de la sciure et des copeaux de bois.

Arroser la butte copieusement et attendre que les montées en température soient terminées.

En gros une quinzaine de jours.

Après, on peut planter ou semer.

Si vous planter des salades, vous verrez vite qu’elles constituent une excellente nourriture pour de toutes petites limaces et escargots qui s’en régalent.

Alors avant de planter cela, il faut demander à vos poules de faire leur travail. Elles le font très bien et généralement, au bout d’une semaine, toutes ces petites bestioles ont créé un repas de rois pour les gallinacées.

Elles auront en même temps créé un sacré chantier et il va falloir œuvrer avec la pelle et la fourche pour remettre la butte en ordre.

Puisque nous en somme à la création des buttes, j’apprécie qu’elles soient installées dans un coffrage de planches ou même de poutres si l’on est riche. Cela présente plusieurs avantages qui paraissent futiles mais qui au fil des jours et des saisons vont être riches en confort et en émotion. Le confort, car ces planches créées un véritable siège pour les jardinières et jardiniers qui travaillent ainsi avec plus de confort. Il est aussi possible de percer des trous dans les planches et d’y planter des fraisiers par exemple. Voir des gamins de trois à quatre ans se promener autour des coffres et détacher avec leurs petites mains des fruits qu’ils mangent avec gourmandise, c’est un spectacle pour les yeux et le cœur à nul autre pareil.

Les buttes sont finies, ou une seule, il faut l’utiliser pleinement. Tout dépend de la saison. Et là se pose plusieurs problèmes :

  • La planification dans le temps des opérations sur les buttes.

  • L’organisation de l'implantation des différents légumes.

  • La possession de graines et plants sains et naturels.

Tous ces éléments trouvent des réponses, quelquefois succinctes, sur Internet. C’est un gros travail de chercher ces éléments, de les compiler, de les mettre en ordre. Mais c’est un travail nécessaire qui n’a pas sa place dans ce document.

 

VA : Tu es sûr que nous aurons assez de légumes pour nourrir 500 personnes.

 

DI : Il ne faut pas confondre la nourriture pour 500 personnes et les légumes pour 500 personnes.

Mais oui il y a largement suffisamment de légumes pour 500 personnes. Et même pour 1000 personnes mais cela, à condition que tout fonctionne parfaitement bien.

Or, les temps qui viennent risquent de nous surprendre par leur évolution et par leur violence et il faut bien sûr mettre en place une marge de sécurité.

La nourriture globalement provient des légumes, des volailles et de leurs œufs, du verger et des arbres fruitiers que nous plantons et que nous planterons, par milliers et de façon moins certaine des chèvres et moutons, faciles à faire vivre quand la nouvelle civilisation sera opérationnelle, de bovins qui là aussi pourront être élevés facilement. Je ferais plus tard une description des contraintes de l’élevage des grands animaux. Cela ne pourra se faire que pour des fermes pleinement opérationnelles et équilibrées.

 

VA : peux-tu nous parler des fruits et de la basse-cour.

 

DI : Ce sont des choses passionnantes. Le verger est un élément essentiel de la ferme.

Comme sur les buttes, on a une surface, et on va multiplier cette surface.

En effet on cultive sur plusieurs étages.

Les vergers doivent être plantés d’arbres très productifs. Et cela aussi, c’est une recherche que chacun des adhérents doit faire tout au long de leurs balades dans la campagne.

Dès que l’on découvre un arbre plein de fruits, il faut prendre contact avec le propriétaire.

À la bonne époque, en automne souvent, mais aussi au printemps ou même en été, il est possible de prendre un ou plusieurs rameaux de vingt à trente centimètres sans abîmer l’arbre et de les ramener aux gens qui s’occupent des plants.

Il faut évidemment éviter que ces rameaux ne se dessèchent au soleil.

Plusieurs espèces d’arbres seront privilégiés car en général, ils sont très productifs : Les figuiers, les prunes mirabelles, des cerisiers et plein d’autres. Il faut de la variété. Les arbres sont plantés relativement serrés par rapport aux standards traditionnels.

Sur les 7000 m2 du verger contenu dans une ferme de un hectare, nous allons planter plus de 1000 arbres fruitiers. Il faut aussi jouer sur la hauteur de déploiement des branches.

Certains arbres produisent à 3 m du sol et d’autres à 6 m.

Le verger est aussi jardiner. Au pied des arbres, on peut planter des pommes de terres qui profiterons de la fumure donnée aux arbres, des petits pois et des haricots qui grimperons naturellement le long du tronc et des petits fruits rouges comme les framboises, les mûres et les cassis.

Évidemment, après la plantation, il faudra éviter que les poules aillent se nourrir des pouces de nos plantes.

Pour gérer le verger, il faut au moins quatre personnes. Pour le jardinage aux pieds des arbres, il faut aussi prévoir quatre personnes au moins pendant les périodes de plantations et de récoltes.

Le verger va rapidement être étendu aux surfaces que l’ancienne civilisation occupait comme le bord des routes et autoroutes, la lisière des forêts. Il est possible de remplacer des milliers d’arbres qui ne produisaient rien, ni fruit ni bois, par des arbres productifs.

Il est difficile de planter les anciens champs cultivés maintenant laissé à l’abandon.

Il faut attendre que la nature est nettoyée la plus grosse partie des polluants et que les premières plantes est permis à la terre de se reconstruire.

 

VA : je comprends un peu mieux l’importance du verger, mais dis-moi, l’hiver, on ne mangera pas de fruit.

 

DI : oh si, mais c’est dans un autre chapitre que nous traiterons des conserves par séchage, par mise en pots comme de la confiture en n’oubliant pas que rapidement les pots en verre ne seront plus disponibles. Tu vois, ça nous amène loin parce qu'il faudra parler de la poterie, de la production du sucre et du transport du sel. Tu vois, même pour des choses élémentaires aujourd’hui, demain il faudra rapidement résoudre plein de petits problèmes.

 

VA : bon, on a bien travaillé. Donc à bientôt.